jeudi 17 septembre 2015

A LA MAGICIENNE


Il me vient parfois à l’esprit, quand la routine
Me tourmente, d’emprunter des voies prosaïques
Pour éclore des histoires longues à suspense
Destinées aux âmes éprises d’aventures.
Mais, après avoir à peine fait irruption dans la sphère de Shakespeare,
La magicienne, jalouse, toute parée de roses
Autour de moi fait scintiller le soleil, la lune, et ses étoiles.
Et, aussitôt, des vers escortés par des images, des rythmes de tout genre
Sans oublier la fameuse rhétorique, telles des termites, battent
Ardemment Leurs grands tambours.
Je ramasse, sans hésiter, tous les rudiments
Que m’offrent ces merveilles pour entamer la sculpture de l’ouvrage.
Il faut, pour que naisse une architecture semblable
A la tour Eiffel, avoir une âme de rêveur.
Car le hasard n’a point sa place !
Souvent, à force de vouloir parler ensemble, les ingrédients
Dans ma tête s’agitent terriblement
Chacun veut, à l’édifice, apporter sa pierre !
Et, c’est à ce moment précis qu’intervient la fameuse
Rhétorique, véritable architecte qui confère aux vers
Toute leur exquisité.
Les mots vont se revêtir de costumes nouveaux
Et, en file indienne, arpenter des sentiers chaotiques
Pour parler une langue luxueuse
Que seules les femmes comprennent
Car la femme est le cœur du poète !
L’allégorie est la plus téméraire de ses filles
Qui fait de l’Amour et de la Haine, de véritables personnages
Qui jasent , se meuvent et même chantent comme ceux des romans.
Il n’y a point d'images, en poésie, mieux que la métaphore, capables
De transformer une mendiante en reine et une passante en statue !
Parfois, hanté par le parfum de cette magicienne aux yeux d’or
Dont les champs riches d’hibiscus sont cependant ignorés,
Je me demande s’il vaille la peine de changer de langage !

Aimé Comoé

2 commentaires: